Le Livre des Morts
More than 30 centuries after the Egyptian Book of the Dead, written in hieratic on papyrus, why we propose a Book of the Dead on a computer screen? Firstly because it is a real work of writing, and no adjustment of any of the Books of the Dead known. But this is not just a work of writing. On the home screen you can read the names of two authors, Xavier Malbreil for text, but Gerard Dalmon for "staging." The Book of the Dead is a story and "kinetic" in movement, in which the text is displayed dynamically and jointly operates temporal dimension and multimedia dimension.
If this work is decidedly multimedia (combining animated sequences, music, text), it is also interactive: not only interactive navigation or manipulation of semiotic forms on the screen, but also inputting data. "The reader makes his own fictitious journey to the afterlife. "During this trip, he is led to answer questions. These responses are included in the course of the story, but can also be consulted independently of "reading paths" through a "writing course." The reader will find in a subsequent reading, may modify and read the answers given by the other players in the "reading room." Some entries are thus very moving, contributors engaged in working memory very intimate. As the Book of the Dead is primarily a reflection and work on memory. According Malbreil, it is to "give a place on the network where the memory is invited to ask about computer memory. [...] This memorialis liber is a notebook that will keep our memory, but will keep it alive. "
The Book of the Dead is as a play on the frontiers between life and death, of course, but between reading and writing, between reality and fiction (the reader answers questions in the context of fiction, memory located thereby "fictionalisée"), between the personal and the public (the innermost responses can, if desired, be made public), between memory and forgetting (if the player changes his answers, he not keep track of the previous version). In this sense, it is indeed a writing specifically exploiting the dynamic support and network size to offer us more than a product, an evolving process.
(Source: trans. of Serge Bouchardon's "Un jeu sur les frontières" http://www.apelse.asso.fr/concours2003/resultats.htm)
Appeler une œuvre de création contemporaine le Livre des Morts peut paraître une sérieuse gageure, ou une folie.
Pourtant, cette œuvre existe, sur le site www.livredesmorts.com , et il ne s’agit pas d’une adaptation de l’un ou l’autre des Livres des Morts connus.
De quoi s’agit-il alors ? Comment une telle œuvre est-elle née ?
Voici quelques points de repères.
Au départ de cette aventure, vers la fin de l’an 2000, il y a des échanges de points de vue par courriel entre Gérard Dalmon, designer vivant à New York, et Xavier Malbreil, écrivain vivant dans le sud de la France.
Le réseau Internet, d’après nos deux auteurs, pourrait par bien des côtés se comparer au monde des morts. Dans l’un comme dans l’autre, les catégories qui prévalent usuellement sont brouillées, les frontières entre vrai ou faux, tangible ou évanescent, homme ou femme, s’estompent. Ce que l’on tenait pour certain, à peine veut-on le toucher, s’enfuit comme une ombre fuligineuse.
Quel projet serait plus pertinent que de créer sur le Net un Livre des Morts ? Quelle expérience serait plus troublante que de proposer à des lecteurs/internautes de faire leur propre voyage dans le Livre des Morts, comme s’ils étaient déjà morts ? Quelle meilleure illustration, enfin, de cette fameuse interactivité, que de proposer au lecteur d’écrire sa partie dans le Livre des Morts?
Chacun, et c’est à souhaiter, aura fait un jour ou l’autre des projets déraisonnables, sous le coup de l’enthousiasme, projets aussitôt oubliés.
Ce qui devait rester du domaine des élucubrations deviendra, du fait du caractère de Gérard Dalmon, entrepreneur résolument tourné vers la réalisation, un défi.
Oui, pourquoi ne pas réaliser un Livre des Morts sur l’Internet ? Pourquoi pas en effet…
Il faudrait donc l’écrire. L’écrire ? Ecrire un Livre des Morts ? Pour se lancer dans un tel projet, une bonne dose de folie était nécessaire…
Il faut croire que c’est le cas.
Ecriture est donc entreprise du Livre des Morts sur l’Internet.
L’œuvre sera résolument multimédia, conjuguant séquences animées, son, écriture. Un prélude et sept chapitres le constitueront.
Au fur et à mesure que Xavier Malbreil donnera le story-board à Gérard Dalmon, puis qu’il en écrira les différentes parties, le metteur en scène se lancera
Et l’œuvre naîtra ainsi, dans un constant aller-retour entre les deux auteurs, qui pour l’heure ne s’étaient même jamais rencontrés !
L’un dans le sud de la France écrivant, réécrivant, jamais satisfait de son œuvre, et toujours se demandant quelle lubie avait bien pu lui passer par la tête… L’autre, à New York, réalisant, proposant, recommençant, toujours patient, toujours positif.
Au Printemps 2001, alors que l’œuvre était déjà bien avancée, les deux auteurs se rencontrent pour la première fois, à Paris.
Un constat s’impose alors : si le chemin parcouru, et le résultat obtenu, correspondaient à peu près à leurs attentes, il restait encore beaucoup à faire, et notamment du côté de la réalisation de l’interface.
Pour cela, des compétences externes seraient nécessaires.
Ni l’un ni l’autre n’ayant de savoir suffisant pour la réalisation d’une base de données, le projet resterait toujours insatisfaisant. Permettre à un lecteur de s’inscrire sous un pseudonyme, puis d’écrire dans le Livre des Morts, afin que celui-ci soit tout à la fois un livre à parcourir, et un livre dans lequel se confier, c’était depuis toujours une des spécificités du projet. Sans cela, il ne s’agirait que d’une œuvre multimédia, et pas de l’œuvre interactive souhaitée.
En septembre 2002, par un de ces hasards sans lesquels rien ne se ferait, Xavier Malbreil rencontrait au cours d’un colloque, un professeur, agrégé de Lettres Modernes, Serge Bouchardon, qui par ailleurs connaissait déjà le projet.
Au fil de discussions, proposition fut faite, par Serge Bouchardon, de donner à ses étudiants de l’Université de Technologie de Compiègne l’occasion de se pencher sur la réalisation d’une base de données.
Karim Amrani, et Abdelgani Setta retenaient le sujet, pour le second trimestre 2003.
En quelques semaines, ils prenaient la mesure des difficultés, des enjeux…
Au terme de leur cursus, ils parvenaient au résultat que l’on peut constater aujourd’hui.
Tout internaute tapant l’URL www.livredesmorts.com se retrouvera devant une interface lui donnant le choix de créer un « profil utilisateur » grâce auquel il aura accès à un espace personnel, appelé « Parcours d’écriture ».
Dans ce « Parcours d’écriture », il pourra répondre à 35 questions, soit 5 par chapitres. Il pourra enregistrer ses réponses, et les modifier autant de fois qu’il le souhaitera. Enfin, il pourra choisir de rendre lisible par tous, ou de garder confidentiels ses écrits.
Ce qui est proposé, à tout internaute désirant en faire l’expérience, c’est un double parcours à l’intérieur de ce Livre des Morts.
Un parcours de lecture, au cours duquel il découvrira les sept étapes le menant jusqu’à une renaissance. Et un parcours d’écriture, dans lequel il pourra transformer ce livre des morts en livre de vie.
Davantage encore qu’une œuvre multimédia interactive, c’est une expérience artistique et personnelle qui est proposée au lecteur/internaute. Pour les questions ouvertes par la possibilité de « jouer » avec sa mort, que l’on pourrait estimer au choix de l’inconscience ou de l’orgueil, elles sont laissées à l’examen de chacun.
Une chose est sûre aujourd’hui : le Livre des Morts sur l’Internet existe bel et bien. Des centaines d’internautes l’ont déjà parcouru, dans toutes ses parties, ont déjà répondu aux questions, ont déjà laissé leurs traces à l’intérieur de ce livre ouvert sur le Net.
Ce qui n’était au départ que pure spéculation est devenu une réalité.
Un aboutissement, dans une certaine mesure, oui. Mais également un nouveau point de départ, puisqu’un CD-Rom, forcément différent du travail sur site, devrait voir le jour.
(Source: Dossier de presse, from the project site)